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BIOGRAPHIE 

Détentrice d’un bac en Études littéraires à l’Université Laval, je m’intéresse tout particulièrement aux pratiques littéraires des femmes et personnes queer, aux genres de l’intime et au journalisme littéraire. À l’hiver 2023, j’obtiens une bourse de mentorat Première Ovation pour un projet de récit sur la mémoire des bars lesbiens de la ville de Québec. Ma démarche d’écriture se veut autofictive : j’assume dans mes textes un point de vue subjectif, tout en m’autorisant une part de fiction pour rendre compte de la place qu’occupe le fantasme dans mon rapport au réel. On peut lire mes textes dans plusieurs revues de création littéraire, dont Le Sabord, Françoise Stéréo et Le Pied. 

DÉMARCHE 

L’amour sorcier est un bar lesbien de la ville de Québec qui a existé 1992 à 2007, dont j’ai découvert l’existence par hasard, au détour d’une conversation avec une amie. J’ai d’abord voulu en savoir plus en fouillant à la bibliothèque et sur Internet, pour finalement constater que notre absence de connaissances résultait entre autres d’un manque d’archives. La mémoire des bars lesbiens se transmet comme une rumeur, à travers les anecdotes de vieilles lesbiennes et la mention de noms incertains de bars qui auraient existé quelque part dans Saint-Jean-Baptiste. Une rumeur-bonne nouvelle dont la simple mention nous galvanise, nous qui avons passé notre adolescence sans vrais modèles – ou du moins sans les connaitre – mais aussi une rumeur fantomatique, qui se transforme au fil des discours rapportés et risque de disparaitre si on ne l’entretient pas. Il reste peu de preuves matérielles des anciens bar lesbiens : on pourrait en venir à douter de leur existence comme on a déjà douté de nous-mêmes. 

Dans le cadre de cette résidence, j’enregistrerai une multitude de personnes lesbo-queer à propos des bars lesbiens, autant celleux qui les ont fréquentés que celleux qui auraient aimé les connaitre. Le but est de reconstituer la rumeur fuyante, mais aussi de lui plus grande consistance grâce à l’enregistrement, qui permet d’en laisser une trace. Or, comment archiver une parole instable sans la fixer? Est-il possible de conserver la mémoire lesbo-queer, de l’inscrire dans l’Histoire, sans la trahir et sans l’institutionnaliser? Parmi les voix récoltées, je glisserai à l’occasion la mienne pour réfléchir à ces questions. Avec ce collage de paroles, je constituerai une géographie sonore des espaces lesbiens non pas tels qu’ils ont existé, mais tels qu’ils ont été racontés, imaginés et souhaités.

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