BIOGRAPHIE
Dramaturgie sonore est un groupe de recherche en arts vivants dirigé par Jean-Paul Quéinnec (professeur en théâtre de l’Université du Québec à Chicoutimi) en collaboration avec Andrée-Anne Giguère. Basé à l’Université du Québec à Chicoutimi, le groupe entame un troisième cycle de recherche où la dramaturgie sonore d’une scène sans bord et leurs expériences immersives favorisent une recherche-création pluridirectionnelle, propice à un dialogue entre les arts vivants, la science et l’écologie. C’est en s’appuyant sur une pratique du terrain, qu’ils.elles inscrivent leurs écritures tant hors que dans les murs du théâtre dans un constant aller-retour. Loin du documentaire, leurs créations s’inspirent de leurs expériences et leurs rencontres sur le territoire. Andrée-Anne Giguère, pour sa part est une artiste interdisciplinaire, aussi professionnelle de recherche, membre cofondatrice du collectif Les Poulpes et co-directrice artistique de Théâtre Déchaînés. Elle a une pratique active de comédienne, performeuse, conceptrice vidéo pour la scène, metteure en scène et formatrice. Elle base ses recherches sur l’intégration sensible et performative de la technologie sur la scène. Elle s’intéresse aux scènes sans bord en collaboration avec Jean-Paul Quéinnec et aux nouvelles scènes théâtrales à distance. Elle collabore avec Marie Ayotte sur le concept de l’accessibilité créative.
DÉMARCHE
Au cours des dernières années, le groupe dramaturgie sonore explore les relations d’écriture avec le paysage. Comment écrire en relation avec le vivant et le non-vivant? Comment se laisser guider par le paysage sans créer une œuvre documentaire?
En 2021, l’équipe se rend à Anticosti à la recherche du son des fossiles. Dans Le son des fossiles nous cherchons à valoriser les sons maritimes sur cette île réputée pour ses 200 000 cerfs de Virginie, mais aussi pour ses fossiles de 450 millions d’années. Alors que la résidence est en cours, Julie Andrée Tremblay et Andrée-Anne Giguère se retrouvent à la Vache-qui-pisse pour un duo performatif filmé. Julie Andrée agit, trace, danse pendant qu’Andrée-Anne en complète relation d’écoute filme. Notre dialogue d’écriture de l’image, du son, du texte et de nos actions se façonne à partir de notre écoute du paysage, avec le paysage, depuis nos errances et nos rencontres sur les lieux.
En 2023, nous traçons notre route, cette fois, vers la Gaspésie plus spécifiquement à Sainte-Anne-Des-Monts, où nous explorons le paysage à partir des différents quais que nous rencontrons sur notre chemin. Un mouvement nomade pour entamer nos gestes d’écriture. Avec les artistes invités Laurence Brunelle-Côté et Julie Delorme, Jean-Paul Quéinnec et Andrée-Anne Giguère tentent de développer un rapport de réciprocité entre le paysage et les explorations d’écriture et de performance pour donner cours à des pratiques plus alternatives en termes narratifs. Cette volonté de coexistence nous pousse à parler de co-paysage (Quéinnec et Giguère, 2022), tant l’attention entre l’auteur et l’environnement appelle à une réciprocité. Écrire pourrait se produire à partir et avec le paysage, qui « n’est pas seulement contexte et processus, mais devient aussi auteur de l’œuvre, traçant les contours, les textures et les états de corps qu’il façonne […], le paysage est vivant, sensible et porteur de savoirs » (Naoufal, 2020 :62). Seulement, pour qu’une telle corrélation se révèle un enjeu, nous nous intéressons à la rencontre entre un tiers paysage (Clément), soit celui de l’indécis et de la diversité, et un texte dramatique conçu comme matériau souple et mouvant (Danan, 2010) capable d’« incorporer des médias à son espace performatif » (Kattenbelt, 2007 :37). Dans Faire (co)quai nous explorons nos moments d’attente sur ces quais lien entre le partir et le revenir.